top of page
  • Photo du rédacteurgilles guillon

2020, année cahotique

Dernière mise à jour : 29 janv. 2021

C'est une année étrange qui se termine, avec des librairies fermées, des sorties reportées, des salons annulés... et des raisons d'espérer !

 

Financièrement 2020 aurait pu être une catastrophe pour l'édition, mais les aides publiques mises en place pour soulager libraires et éditeurs ont permis de sauver les meubles. Comme l'ensemble des maisons d'édition nordistes, j'ai obtenu un coup de pouce inespéré de la Région des Hauts-de-France et de la DRAC (Ministère de la Culture). Environ 8000 € versés en fin d’année pour éponger le manque à gagner, payer les factures en cours et démarrer 2021 sans être dans le rouge. Le montant de 1311 € accordé par la DRAC était le même pour chaque éditeur. Par contre la somme versée par le Conseil régional variait en fonction du chiffre d’affaires des destinataires. Aucune idée de ce que mes confrères [1] ont pu percevoir. Ils sont très discrets dès qu’il s’agit d’argent, de ventes et de subventions. A de rares exceptions, l’édition régionale est un milieu où la transparence et la confraternité n’existent pas.

Pour être franc, je ne croyais pas aux aides annoncées et me voyais déjà dans l’obligation de réduire mes activités d’édition en attendant que la pandémie soit éteinte. Lors du premier confinement, au printemps 2020, les différents fonds de solidarité mis en place par les pouvoirs publics ne concernaient pas les petits éditeurs. Ma modeste maison d’édition ne rentrait dans aucune case, n’ayant pas perdu assez d’argent pour pouvoir prétendre à quoi que ce soit. Le coup de pouce de fin d’année a donc été accueilli avec une joie non dissimulée.


Même s'il a fallu faire des choix parmi les projets et repousser plusieurs parutions à 2021, voire 2022... le bilan 2020 n'est pas si mauvais, grâce au succès des deux best-sellers de l'année : La Bible des estaminets paru fin août et Armentières sous l'Occupation sorti début novembre. En l'espace de deux mois, le premier tirage de ces deux livres a été écoulé, il a fallu réimprimer dans la foulée, et ce alors que les librairies étaient à nouveau fermées en novembre...

Prévue pour le mois d'avril, en plein confinement, l'édition 2020 de La Bible des estaminets a dû attendre fin août pour arriver sur les étals. Bien motivés par deux belles émissions de télé de France 5 (Estaminets, le charme des bistrots du Nord, de Vincent Guérin, diffusé en mars, et le numéro spécial d’Echappées belles consacré à la gastronomie nordiste, diffusé en octobre), les amateurs d'estaminets commençaient à s'impatienter. Il leur a suffi d'un mois et demi pour liquider le premier tirage. On a dû en réimprimer dans la foulée. Alors que les restos sont fermés pour une durée indéterminée, les lecteurs ont tout leur temps pour potasser le sujet et sélectionner les adresses qui les intéressent. A la réouverture, ça va être le rush dans les estaminets survivants.

Imprimé début novembre, malgré le reconfinement, le second livre de Hans Landler sur l'histoire d'Armentières a lui aussi connu un succès immédiat et inespéré. Les lecteurs étaient tellement impatients de le découvrir qu'ils se sont précipités sur la souscription pour commander leur exemplaire. A la parution, les lecteurs nordistes sont allés dans les tabacs-presse qui avaient pris le relais des librairies fermées et ont obligé Majuscule Armentières à rouvrir ses portes pour distribuer les livres réservés à l'avance (parfois depuis juillet dernier). Bref, en deux mois, le premier tirage s'est envolé, le livre est parti en réimpression avant les fêtes de fin d’année.

La dernière parution de 2020 a été notre premier livre d'artiste, consacré aux photos de mon vieil ami le photographe Bernard Delhalle (nous avons travaillé ensemble à France 3 dans les années 1980). Paru juste avant Noël et disponible sur Internet, il a fallu attendre le début janvier pour qu'il soit réellement présent chez les libraires.

 

A lire également : le prix des lecteurs 14/18

 

J’avais profité du premier confinement pour compléter le site internet, l’améliorer et y ajouter ce blog ; nous avons également lancé un prix des lecteurs autour de la collection 14/18. Ce n'est pas le Goncourt, mais pendant l’été, un jury d’une quinzaine de volontaires a parcouru les dernières parutions et a élu son roman préféré. Le nom du vainqueur a été dévoilé pendant le reconfinement de novembre. Il s’agit du Planqué des huttes, de Léo Lapointe, qui trouve là une seconde mise en avant, encore peu sensible sur le terrain. Car avec le Covid la littérature régionale a quasiment disparu des rayons des librairies nordistes. Les responsables de magasins ont profité des deux périodes de fermeture obligée pour faire du tri et épurer leurs stocks en retournant à l’expéditeur tout ce qui ne leur semblait pas essentiel. C’est ainsi que les éditeurs et auteurs régionaux, privés de ventes, de salons et de séances de dédicaces, se sont pris une deuxième claque dans la figure quand les boutiques ont rouvert leurs portes expurgées de la production locale. C’est ce qu’on appelle les dégâts collatéraux… Combien de temps faudra-t-il avant que le régionalisme et la littérature nordiste retrouvent leur place sur les étagères ? Nul ne le sait. Alertée par les éditeurs concernés, l’AR2L (Agence régionale du Livre et de la Lecture) a promis de rappeler aux libraires indépendants qu’une des contreparties au versement des subventions publiques était la mise en avant de la production des éditeurs régionaux.

De quoi voir l'avenir avec optimisme et… prudence !

Je nous souhaite le meilleur pour 2021.

[1] Selon Cécile Hautière, chargée de mission Livre et Lecture au Conseil régional des Hauts-de-France, "26 éditeurs ont bénéficié des aides".

Posts récents

Voir tout
  • Black Facebook Icon
  • Black Instagram Icon
  • Black Twitter Icon
  • LinkedIn Social Icône
bottom of page